La Nation : Monsieur le Directeur Général, on parle de la pauvreté qui est une réalité dans notre pays, et on parle beaucoup aussi de l’ADDS. Est-ce que vous pourriez nous parler un peu de la place et du rôle de votre Agence dans la lutte contre la pauvreté ?
DG : Pour mieux comprendre la place et le rôle de l’ADDS, il faudra peut être tenter de définir la pauvreté.
C’est une notion très difficile à définir mais pour faire plus simple, je dirai que c’est un manque ou une insuffisante criante de moyens. Et de là, la pauvreté est multiforme. Elle peut être monétaire, on est pauvre quand on n’a pas où se loger, quand on n’a pas accès aux services sociaux de base telles que l’éducation, la santé, l’eau, l’énergie, quand on n’a pas de route ou de réseau d’évacuation d’eaux usées ou pluviales.
Le bien être de sa population étant le souci premier de tout gouvernement, le nôtre de manière résolue, a mis énormément de moyens pour éradiquer ce fléau. Il est fortement convaincu que ce n’est pas une fatalité.
La Nation : Et l’ADDS ?
DG : L’ADDS s’inscrit dans la vision équilibrée et portée vers l’avenir du Chef de l’Etat dans son Initiative Nationale de Développement Social ou INDS. Cette initiative de vision d’ensemble constituant la matrice du projet sociétal dont il est le porteur.
L’ADDS est un des outils de mise en œuvre de cette Initiative pour certains axes. A ce titre, elle a pour mission, par des actions intégrées, de lutter contre la précarité, l’exclusion des couches vulnérables et la fracture régionale. Ces actions intégrées sont liées dans un package : les infrastructures, le développement social par des actions de communautaires et de renforcement des capacités des acteurs, la gouvernance locale à travers les appuis techniques et institutionnels au niveau local et régional, la micro finance classique et islamique, le développement de l’accès à l’énergie renouvelable pour nos localités de l’intérieur, les différentes formations professionnelles.
Il y a un point qui mérite d’être souligné, les projets de protection sociale ou projets de filets sociaux dans le jargon. Ce type de programme, encore pilote au niveau de quelques localités, combine une composante de prévention de la malnutrition infantile et de celle des femmes enceintes ou allaitantes qui, au passage, sévit énormément dans nos localités rurales mais aussi en périurbain à Djibouti, et une deuxième composante portant sur des travaux d’utilité communautaire à haute intensité de main d’ouvre. L’objectif est de sauvegarder le capital humain et d’augmenter la résilience des familles pauvres face aux chocs liés à la crise. Cette approche très novatrice est menée à titre pilote à Djibouti et nulle part ailleurs dans le monde.
La Nation : Il faut des moyens pour réaliser ces actions ?
DG : C’est vrai qu’il faut beaucoup de moyens. A titre d’illustration, le gouvernement a mis plus de 4 milliards de nos francs à la disposition de l’ADDS depuis sa création en 2008 pour mettre en œuvre les programmes et projets de divers types. Et ses partenaires au développement ont apporté plus de 9 milliards dans 12 projets.
La Nation : Et en termes de réalisation ?
DG : Les réalisations sont nombreuses et variées. Elles vont de la construction de diverses infrastructures tels que la digue d’Ambouli, les équipements marchands dans les Régions, en passant par l’appui à la gouvernance par l’élaboration de schémas directeurs de Djibouti et des Régions, jusqu’aux équipements solaires, la formation des jeunes en divers métiers, la création des caisses populaires d’épargne et de crédit. Vous voyez ainsi que les domaines sont variés.
La Nation : La lutte contre la pauvreté étant une œuvre de longue haleine, on imagine fortement que vous avez d’autres projets ou programmes en perspective.
DG : Effectivement. Pour le moment, nous avons 6 projets dans notre portefeuille dont 2 sur l’aménagement urbain, 1 sur la gestion des déchets, 1 ensemble sur le solaire, 1 ensemble aussi sur les filets sociaux et 1 sur la gouvernance locale. Nous estimons l’enveloppe globale à environ 25 millions de dollar, soit l’équivalent de 4,4 milliards. Certainement 2 vont démarrer en 2014 et le reste qui est en cours de formulation et d’évaluation pour plus tard.
La Nation : Le mot de la fin Monsieur le Directeur Général ?
DG : L’ADDS mesure pleinement la confiance qu’on lui fait et les missions qui lui sont assignées. Elle fera tout pour les mériter. Quand la mission est noble, on n’a pas le droit de faillir !