Djibouti est depuis hier la capitale africaine de la finance islamique. C’est le chef de l’Etat en personne qui a ouvert dans la matinée d’hier au Kempinski les travaux de la 4e conférence africaine de la finance islamique. Ce sommet, organisé par la Banque centrale de Djibouti, est le quatrième du genre. De nombreuses hautes personnalités publiques ont assisté à la cérémonie d’ouverture des travaux.
La 4e conférence africaine de la finance islamique a été déclaré ouverte hier au Kempinski par le président Ismaïl Omar Guelleh. La cérémonie d’ouverture a rassemblé, outre le chef de l’Etat, de nombreuses personnalités publiques dont le Premier ministre Abdoulkader Kamil et le président de l’Assemblée nationale, Mohamed Ali Houmed.
De nombreux experts venus des quatre coins du monde participent à cette conférence organisée par la banque centrale de Djibouti. Bien que le continent africain soit majoritairement composé de communautés musulmanes, la finance islamique ne s’y est pas encore développée d’une manière significative.
Cette conférence dont les travaux s’étaleront sur deux jours, permettra aux uns et aux autres de partager leurs connaissances sur la finance islamique tout en réfléchissant sur les voies et moyens de promouvoir son développement sur le continent africain. Il sera ainsi question de la nécessité de renforcer les échanges économiques entre l’Afrique et les pays du Moyen-Orient à travers la finance islamique. Aussi, le thème consacré cette année porte sur le rôle que peuvent jouer les institutions et les partenaires multilatéraux dans la promotion de la finance islamique.
La place de la finance islamique en Afrique…
Dans son discours d’ouverture des travaux de cette conférence, le président Ismaïl Omar Guelleh a mis en exergue la place qu’occupent les banques islamiques à Djibouti :« Les banques islamiques font, a-t-il dit, partie intégrante du paysage économique et financier du pays : leur proximité culturelle et leur volonté d’accompagner les secteurs productifs leur ont permis de capter 16% des actifs du secteur bancaire en quelques années d’activité ».
Pour le président Ismaïl Omar Guelleh, qui est l’un des chefs d’Etat africains qui y sont les plus ouverts, les succès de la finance islamique sont dus à sa nature même. Pour illustrer son propos, le chef de l’Etat a appelé à la barre André Comte Sponville qui, dans un célèbre éditorial, a avancé l’assertion suivante : « C’est plutôt le Coran qu’il faut relire, car si nos banquiers, avides de rentabilité sur fonds propres, avaient respecté un tant soit peu la charia, nous n’en serions pas là. »
Le Président a expliqué que pour asseoir et consolider l’expansion et le rayonnement de la place financière djiboutienne, son gouvernement accordait « une attention particulière à la révision et à la mise à jour des textes réglementaires, sous la responsabilité de la Banque Centrale qui, a-t-il rappelé, veille sur les fondamentaux et les ratios tout en garantissant la libre convertibilité du franc Djibouti et la liberté des mouvements des capitaux ». Il a précisé que ce dispositif avait récemment été complété « par la création d’un Comité National de la Charia, composé d’experts en loi islamique et en finance, chargé de veiller sur la régularité et la conformité à la Charia des produits financiers islamiques en république de Djibouti ».
Le Président Guelleh a annoncé la création prochaine d’ « un centre de formation afin de renforcer les capacités techniques des praticiens de la finance islamique pour que Djibouti devienne véritablement le centre africain de la finance islamique ». Le président a ajouté que Djibouti est « le point de jonction où s’imbriquent les transports maritime, routier, ferroviaire et aérien, pour servir les échanges commerciaux de la Corne de l’Afrique avec la région du Moyen-Orient et de l’Asie ».
Le chef de l’Etat a en outre indiqué que pour renforcer cette position, son gouvernement a décidé d’invertir plus de 12 milliards USD, pour faire de Djibouti une vaste plate-forme logistique englobant l’Est de l’Afrique au moyen de quatre nouveaux ports, de deux nouvelles lignes ferroviaires, deux nouveaux aéroports, deux nouvelles interconnexions avec l’Ethiopie portant sur l’eau et l’électricité et un pipeline reliant Djibouti au Sud-Soudan.
Autant de moyens et de grands chantiers dont la livraison est imminente » Avant de déclarer ouverts les travaux de la 4e conférence africaine de la finance islamique, le Président a déclaré qu’il attendait beaucoup de ces délibérations et qu’il était persuadé que les réflexions et les échanges fructueux des experts apporteront les réponses idoines à l’ensemble de ces problématiques pour que la finance islamique puisse trouver la place qui lui revient et rayonner en Afrique.
Des performances solides…
Le Gouverneur de la Banque centrale de Djibouti, Ahmed Osman, n’a pas manqué de souhaiter, quant à lui, la mise en place d’une plateforme capable de permettre de relever significativement le niveau de pénétration et l’étendue des actifs financiers islamiques sur notre continent.
« Réussir ce challenge est une gageure pour consolider et renforcer davantage le dynamisme de nos économies aujourd’hui en plein essor », a déclaré le Gouverneur. Et d’ajouter que Djibouti, en plus d’être idéalement située en termes géostratégiques, se trouve être aussi le trait d’union entre le Moyen Orient et l’Afrique. « Et c’est tout naturellement, a-t-il dit, que Djibouti aspire à se positionner comme espace de relais et d’éclatement de la finance islamique en terre africaine ».
Dans la foulée, le Gouverneur de la BCD est revenu sur l’arrivée et l’implantation en 2006 de 31 institutions financières dont 10 banques qui ont consolidé les performances du secteur bancaire. Ahmed Osman n’a pas manqué de souligner aussi que ces solides performances du secteur bancaire nationale sont imputable au développement de la finance islamique dans notre pays.
« En termes de poids, a-t-il dit, les actifs des banques islamiques atteignent 50 milliards FDJ aujourd’hui et représentent 16% de l’actif bancaire total, contre seulement 1,2% en 2006 ». Aussi, selon lui, les banques islamiques contribuent, « à l’amélioration de l’offre de services bancaires, et détiennent 23% des agences bancaires, 25% de comptes bancaires et 40% de distributeurs automatiques de billets ». A l’issue de cette série de discours d’ouverture, les travaux de la 4e conférence africaine de la finance islamique ont commencé. La Nation vous en dira plus dans ses prochaines livraisons.