Solidarité: L’exception djiboutienne
Avec le recul, la solidarité n’est pas un concept figé dans le temps. Au contraire, elle est un mode de vie et une valeur djiboutienne qui se nourrit des réponses apportées aux attentes des nôtres en situation de vulnérabilité.
Nullement une fatalité en soi, la pauvreté sert de terreau aux risques de fracture sociale. Cette évidence donne un sens au projet présidentiel d’une société plus juste et solidaire. Le chantier est titanesque. Près de onze années après le lancement de l’initiative nationale de développement social(INDS) par le président de la République, l’opinion publique est à même de mesurer le chemin parcouru dans l’adoucissement des conditions de vie des franges vulnérables de la population nationale.
Légion sont les avancées sociales, tangibles ici et là. C’est le cas de le dire au PK12, sis à la périphérie urbaine de la capitale, où le cadre de vie de ses riverains était carrément indécent avant l’avènement du nouveau millénaire. Les choses y ont changé depuis. En mieux grâce aux investissements publics du gouvernement, au soutien financier de l’Agence française de développement (AFD) et au savoir-faire de l’Agence djiboutienne de développement social (ADDS) qui ont permis l’achèvement du projet de réduction de la pauvreté urbaine de Djibouti (PREPUD) dans cette zone d’habitations au terme d’avril 2007. Il suffit de se rendre au quartier de l’union de Balbala où il fait bon vivre au présent pour le constater de visu. Les routes enrobées de goudron y sont praticables et les canalisations d’eaux fonctionnelles. Une antenne administrative du 4ème arrondissement, un centre de développement communautaire, un dispensaire, un marché et un poste de police sont accessibles aux usagers de ce quartier populaire de PK12. Passons.
Autres lieux, autres décors : Khor Angar est une petite localité distante de 57 kilomètres de la vieille ville de Hayu dans la région d’Obock. Elle compte plus de cent ménages. Les familles du village sont loin d’oublier l’irruption de la fée électricité sous leurs toits respectifs grâce aux installations d’énergie solaire. Doutez-vous bien que les générations précédentes d’écoliers y révisaient leurs leçons sous l’éclat de la lampe à pétrole.
Le fait relève maintenant du passé au grand bonheur des enfants actuellement scolarisés à Khor Angar. La comparaison reflète l’impact social de l’accès à l’électricité du côté de ce village côtier au nord ouest du pays où les jeunes et moins jeunes ne sont plus plongés dans l’obscurité. Idem, l’espoir d’une meilleure vie est le sentiment le mieux partagé parmi les communautés d’Assamo, de Holl-Holl, de Damerjog, de Yoboki, d’As Eyla, de Dorra, d’Assa Geyla, de Randa et d’Allaili Dadda pour ne citer que celles-là. Elles n’ont pas été laissées en rade de la marche en avant du pays. Leurs forces vives respectives ont du s’impliquer dans la mise en oeuvre de différents volets du programme de développement rural intégré (PDRI) par l’ADDS. Ces composantes portaient respectivement sur le renforcement de capacités des coopératives agricoles, la construction ou le réaménagement des services sociaux de base et des infrastructures collectives (école, poste de santé, adduction d’eau, abreuvoir pour les animaux, etc.), l’électrification par énergie solaire au moyen de kits et pompes solaires sur ces sites dans les régions de l’intérieur du pays. Toujours est-il que l’approche participative du PDRI a eu le mérite de soustraire les communautés agropastorales cibles au cercle vicieux de l’assistanat.
Avec le recul, la solidarité n’est pas un concept figé dans le temps. Au contraire, elle est un mode de vie et une valeur djiboutienne qui se nourrit des réponses apportées aux attentes des nôtres en situation de vulnérabilité.
L’idée s’est imposée d’elle-même dans divers domaines. Qu’il s’agisse de l’autonomisation financière des femmes et jeunes en quête d’emplois et d’activités génératrices de revenus, des transferts monétaires aux ménages pauvres, de l’assistance aux handicapés et aux personnes âgées. Elle a surtout accéléré la transformation des associations de micros crédits en institutions de micro finance puis en caisses d’épargne et de crédit.
Les CPEC selon le jargon des professionnels proposent aujourd’hui des produits et services financiers de proximité qui sont adaptés aux besoins d’une large clientèle djiboutienne, longtemps exclue du système bancaire classique.
Autant d’expériences vécues qui reflètent l’exception djiboutienne en matière de solidarité et de protection sociale.