Vous avez, Mme Daniela Gressani, été reçue par le Président de la République, M Ismail Omar Guelleh. Pourriez-vous nous indiquer en substance la teneur de vos échanges avec le Chef de l’Etat ?
J’ai eu l’opportunité de rencontrer le Chef de l’Etat, M Ismail Omar Guelleh, dans le cadre de ma visite de travail de deux jours à Djibouti. Nous avons discuté des perspectives de coopération existant entre la Banque Mondiale et le gouvernement djiboutien. A cette occasion, le Président Ismail Omar Guelleh nous a présenté les actions et initiatives prioritaires pour son pays tant dans les domaines socioéconomique, des infrastructures que de l’énergie.
C’est la deuxième fois, Mme Daniela Gressani, que vous venez dans notre pays en deux années de suite. Peut-on traduire ce regain d’attention par une plus grande implication de la Banque Mondiale à Djibouti ?
Je crois que la Banque Mondiale considère son engagement envers Djibouti comme une priorité importante. Nous avons déjà renforcé notre appui au gouvernement djiboutien l’année dernière. Nous avons consenti des dons dans le cadre de la lutte contre la hausse des prix denrées alimentaires. Et nous sommes aussi en train de préparer les nouvelles stratégies d’engagements auprès de Djibouti. Et dans cette optique, nous espérons consolider les résultats, déjà satisfaisants, obtenus en travaillant avec le gouvernement et la société civile djiboutienne. Nous espérons aussi rehausser notre soutien aussi bien technique, analytique que financier en faveur de Djibouti.
Doit-on interpréter la présence de M. Steen Jorgensen, directeur du développement humain de la région MENA à vos côtés ici aujourd’hui comme le signe d’un intérêt plus prononcé de la Banque Mondiale pour le financement des projets de développement des secteurs sociaux ?
Votre interprétation est correcte. Nous pensons que les défis que doivent relever l’Etat djiboutien dans le domaine social sont très importants. Nous souhaitons plus de progrès pour le peuple djiboutien. Si je peux maintenant parler des activités de la Banque Mondiale (BM) à Djibouti, je crois que l’ensemble des programmes déjà réalisés ou en cours d’exécution ont été menés de manière correcte. Là nous sommes entrain de planifier quelles stratégies le pays doit adopter pour les prochaines années.
L’année 2008 a été une année très difficile pour les djiboutiens avec la flambée des prix des denrées alimentaires. Comment comptez-vous accompagner les efforts du gouvernement afin d’atténuer les répercussions de la hausse des prix pour les ménages djiboutiens?
Le gouvernement a fait beaucoup d’efforts pour améliorer la situation de la sécurité alimentaire en République de Djibouti. Djibouti risque d’être encore tributaire des produits alimentaires importés de l’extérieur. Pourquoi ? Parce que le pays est en zone aride. Mais toutefois le gouvernement devra trouver les options pour diminuer cette dépendance de l’extérieur en matière d’alimentation.
La crise financière qui affecte le monde et qui a provoqué un ralentissement de l’activité économique et une récession dans les pays développés ne risque-t-elle pas de se traduire par une diminution de l’aide publique au développement(APD) pour les pays en développement comme le nôtre ? En d’autres termes, l’Afrique ne va-t-elle pas payer les erreurs des économies développées par une diminution de l’APD ?
Malheureusement je crois que c’est possible. Il y a aujourd’hui une crise financière qui affecte les pays riches plus que les pays en voie de développement. Mais j’ai peur que cette crise se mue en une crise économique, ou une crise qui touche le secteur de l’emploi. La Banque Mondiale est en train de mettre en place un programme d’appui financier au profit de ces pays dits développés. Les dirigeants de notre institution financière pensent qu’un plan de relance en faveur des pays riches pourrait en quelque sorte aider aussi les pays en voie de développement ou pauvres. En outre, il s’est avéré que les économies des pays émergents fonctionnent mieux que celles des pays riches. Dans ce sens et en aidant ces derniers, la Banque Mondiale espère que ceci sera bénéfique aussi aux PVD.
Une mission de la Banque Mondiale a récemment effectué une revue de l’ensemble du portefeuille de votre maison mère à Djibouti avec les responsables de la direction du Financement Extérieur du Ministère djiboutien de l’Economie et des Finances. Les conclusions de cette revue ont, semble-t-il, été positives avec une performance satisfaisante des projets financés par la Banque Mondiale en République de Djibouti. Ces conclusions ont-elles incité les autres dirigeants du siège de Washington et vous-même à revoir la notation et l’allocation de Djibouti à la hausse ?
La performance du portefeuille des projets de la BM est l’un des critères pour accroître l’allocation des ressources pour un pays donné. Comme je vous l’ai déjà dit, nous sommes satisfaits des bons résultats de Djibouti. Ceci dit, la BM pourrait revoir à la hausse la part de l’allocation pour Djibouti.