La semaine nationale de solidarité en est à sa deuxième journée.
Le secrétariat d’Etat à la Solidarité nationale, en collaboration avec le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle a organisé à l’UNFD une foire des petits métiers au cours de laquelle ont été exposés divers objets de fabrication locale. A l’issue de cette cérémonie, la secrétaire d’Etat à la solidarité nationale, Zahra Youssouf Kayad et le ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle Moussa Ahmed Hassan, ont tenu un point de presse. Ils ont répondu aux questions des journalistes à propos de cette semaine de solidarité nationale.
La Nation : Mme la ministre, vous venez de lancer au siège de l’UNFD une foire aux métiers ; quel en est l’objectif et quel public ciblez-vous en particulier ?
Comme vous le savez, du 6 au 12 janvier, nous célébrons la semaine nationale de la solidarité.
L’année dernière, nous avons beaucoup parlé des programmes de lutte contre la pauvreté qui sont mis en œuvre à l’ADDS.
Cette année, la problématique du chômage des jeunes est abordée.
Une des solutions à ce fléau est de développer tous les petits métiers qui existent dans notre pays mais qui ne sont pas occupés par les jeunes Djiboutiens.
L’objectif de la foire, c’était de montrer qu’à Djibouti il y a des structures de formation qui sont capables de former à tous les petits métiers, du bâtiment à la cuisine en passant par l’hôtellerie et la poterie.
Vous avez vu la richesse des stands. Notre objectif est aussi, à travers l’exposition des centres de formation, de mettre en contact les promoteurs avec le guichet de financement.
Nous avons mis en place deux guichets, à savoir le Fonds de Développement Economique de Djibouti (FDED) et la Caisse d’Epargne et de Crédit.
Nous avons voulu répondre à cette problématique du chômage des jeunes par la formation professionnelle en valorisant tous ces petits métiers et en même temps en proposant des outils de financement.
Il faut savoir que ce n’est pas l’industrie et les grands chantiers qui vont créer immédiatement des emplois.
Aujourd’hui, nous avons beaucoup de jeunes qui sont déscolarisés.
Nous avons beaucoup de petits métiers qui ne sont pas du tout occupés par des Djiboutiens.
Et ce sont ces métiers là qui vont créer des emplois. Ils ne sont pas dévalorisants.
C’est une foire que nous avons voulu faire en partenariat avec le ministère de l’Education nationale et de la formation professionnelle pour montrer la synergie qui existe entre le département de la solidarité et les départements sectoriels qui s’occupent de la formation professionnelle.
Monsieur le ministre de l’Education, quelle collaboration existe entre vos deux départements concernant l’insertion des jeunes dans le marché du travail?
Je voudrais d’abord réagir à la première question sur les objectifs poursuivis à travers cette foire.
Il s’agit ici de valoriser la formation professionnelle.
Nous voulons mettre en avant les petits métiers qui sont une formation professionnelle acquise.
Nous voulons montrer à nos jeunes à travers certains stagiaires qui étaient présents ce matin et issus des centres de formation professionnelle que les petits métiers constituent n débouché pour acquérir un emploi.
Ensuite, il est possible que les entreprises recrutent ces jeunes.
Ils peuvent aussi créer leur propre entreprise après l’acquisition d’un savoir-faire.
De ce fait, les jeunes s’insèrent bien dans la société et deviennent des citoyens utiles à la société.
La formation professionnelle a une connotation assez péjorative et nous voulons lever tous ces préjugés.
Comme vous le savez, beaucoup de nos jeunes sont à la recherche d’un emploi mais l’un des freins à leur insertion est l’absence de qualification.
En ce qui concerne la collaboration entre les différents départements ministériels, elle se fait de manière complémentaire.
Nous essayons de répondre au besoin de qualification de formation dans le cadre des programmes de lutte contre la pauvreté, notamment à Balbala et dans les régions.
Nos centres sont disponibles et des programmes de formation se poursuivent actuellement.
Dans l’avenir, nous comptons multiplier ces centres de formation.
Madame la ministre, quel bilan pouvez-vous faire de ces trois premiers jours de la semaine nationale de solidarité ?
Cette année, dans le cadre de cette semaine de solidarité, nous avons voulu mettre l’accent sur la création d’opportunités pour sortir de la pauvreté.
Nous voulons utiliser les activités génératrices de revenus comme moyens de sortir de la pauvreté et faire un contre-pied à l’idée reçue que nous avons dans notre pays où on développe des programmes de lutte contre la pauvreté basés sur l’assistanat.
Nous voulons démontrer qu’une entreprise qui crée de l’emploi, un jeune formé qui monte sa propre entreprise, une femme qui contracte un micro crédit pour exercer une activité génératrice de revenus, toutes ces expériences professionnelles sont des clés de sortie de la pauvreté.
Il ne faut pas qu’on pense que dans notre pays la pauvreté est quelque chose d’irréversible.
Avec de très bons programmes basés sur l’accès à l’entreprenariat, sur la micro finance, sur l’acquisition d’une formation qualifiante, on peut aider des personnes à sortir de la pauvreté.
Et c’est le message que nous voulons faire passer toute cette semaine.
Nous valorisons la culture de l’entreprenariat comme sortie de la pauvreté et contre le chômage des jeunes qualifiés ou diplômés et qui n’ont pas d’emploi ans le secteur formel.
Pouvez-vous nous faire un état des lieux de la situation de la pauvreté à Djibouti ?
Il faut d’abord se mettre dans une optique que dans notre pays, comme dans tous les pays en développement, la question de la pauvreté est persistante.
On ne peut pas dire que Djibouti a un problème de pauvreté plus important que d’autres.
Nous sommes dans la moyenne des pays en développement.
La richesse que nous avons comme acquis, c’est que nous avons une population jeune qui demain est capable de travailler, si on l’aide et si on la prend en main.
La situation de la pauvreté dans notre pays est certes une situation difficile mais je peux vous dire en tant que professionnelle du secteur depuis une dizaine d’année, ce n’est pas un défi impossible à relever.
Le gouvernement à mis en place tous les moyens qu’il faut pour lutter contre la pauvreté.
Les deux ministères concernés par cette problématique sont celui de l’éducation et celui de la santé.
Car la santé et l’éducation sont des leviers pour lutter contre la pauvreté.
Depuis 2008, le Président a mis en place une institution (l’ADDS) qui est devenue performante dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et qui agit sur le terrain en élaborant des programmes de réduction de la pauvreté à Balbala à Djibouti-ville et dans les régions et un Fonds National de Solidarité doté par l’Etat djiboutien qui met à la disposition des programmes de réduction de la pauvreté plus de 1 milliard de FD.
C’est un fonds entièrement mobilisé par le gouvernement de Djibouti et qui ne vient pas de donateurs internationaux.
Malgré tout ce poids mis par l’Etat, la pauvreté persiste et touche une frange importante de la population.
Cette lutte n’est pas seulement l’apanage de l’Etat, il faut que tout un chacun s’implique à son niveau.
La société civile a un rôle primordial à jouer.
Malheureusement dans notre pays, nous concevons la lutte contre la pauvreté comme la responsabilité unique de l’Etat.
C’est une responsabilité partagée et l’Etat a besoin de relais.
D’où le rôle important que doit jouer la société civile.
Les partenaires doivent eux aussi concourir.
Il ne faut pas écouter les oiseaux de mauvais augure qui clament que Djibouti s’enfonce dans la pauvreté.
Nous sommes un pays en développement et sur le long terme, nous avons des perspectives économiques prometteuses.
Le grand port de Tadjourah sera opérationnel.
Le pipeline avec le sud Soudan aussi viendra renforcer notre économie.
Tout ceci viendra changer la vie de nos concitoyens.
D’ici là nous mettons en place des programmes de protection sociale, des filets sociaux de sécurité pour aider les gens à maintenir un niveau d’acceptabilité de la précarité pour que demain, nous ayons des gens formés et qui soient capables de travailler.
Je suis très optimiste et confiante en l’avenir.
Dans les prochaines années, nous comptons avoir des résultats très positifs dans la lutte contre la pauvreté